
RAW

Le Secret des Pros, maîtriser Votre Workflow de Développement Photo
Si vous passez des heures à retoucher vos images sans jamais obtenir le résultat professionnel escompté, ce n'est peut-être pas votre technique de retouche qui est en cause, mais la cohérence de votre chaîne de production.
Aujourd'hui, nous mettons en lumière le véritable secret des photographes exigeants, un workflow (flux de travail) cohérent.
Il ne faut jamais l'oublier et c’est valable pour absolument tous les logiciels photo ou vidéo, vous ne pouvez pas inventer des informations qui n’ont pas été capturées lors de la prise de vue, c'est valable en photo ou en vidéo. Sauf si vous faites un traitement spécifique à l'aide d'un logiciel dédié ou une I.A.
Que vous cherchiez à passer d’un espace colorimétrique plus petit à un espace plus grand, ou que vous convertissiez des données de 32 bits à 16 bits, votre traitement ne peut que préserver ou dégrader l’information. Il ne peut pas la reconstruire !
Dans les articles techniques qui suivent, nous allons décortiquer, étape par étape, comment travailler comme un pro grâce à une chaîne de production cohérente. Nous allons voir comment choisir les bonnes profondeurs de bits, les intentions de rendues et les modes de gamma pour garantir que chaque réglage que vous effectuez depuis l'importation de votre RAW jusqu'à l'exportation finale le tout effectué avec une précision mathématique et physique maximale.
Accrochez-vous, car c'est en maîtrisant cette première étape fondamentale que vous transformerez véritablement vos images !
AVANT DE COMMENCER, l'Éloge de la Lenteur
Un Workflow Anti-Productivité pour Artistes exigeants
Si vous êtes ici, c'est que vous partagez sans doute une conviction profonde, la photographie n'est pas une course au volume, mais une quête de l'œuvre unique.
Ce workflow n'est pas conçu pour les photographes de mariage ou les créateurs de contenu à la recherche de 100 images rapides. Il s'adresse à l'artiste dans l'âme, à celui ou celle qui revient du terrain avec peu de clichés, mais dont chacun est porteur d'une intention singulière. Nous recherchons la photo qui sera imprimée, encadrée, qui fera potentiellement l'objet d'une exposition.
Affirmer son Contre-Courant, c'est faire un choix délibéré, celui de prendre le contrôle total du processus. À l'heure où les algorithmes tentent d'uniformiser le rendu et où les préréglages (presets) formatent le style, notre démarche est un retour aux fondamentaux, une forme d'argentique numérique assumée. Nous refusons de déléguer la prise de décision esthétique à une machine ou à un preset.
C'est pourquoi, bien que des logiciels comme ART permettent d'utiliser des préréglages, nous privilégions le développement unitaire, à la main. Chaque curseur, chaque conversion colorimétrique, chaque choix de gamma est une décision artistique et technique qui nous appartient.
Travailler de cette manière, c'est affirmer, le refus de la standardisation, la primauté de l'intention sur la quantité et la conservation intégrale de la qualité du capteur (14 bits) jusqu'à la sortie (16 bits TIFF).
Le chemin vers l'excellence passe par la maîtrise. Maintenant que nous avons posé cette base philosophique, plongeons dans les étapes techniques qui garantissent que votre vision artistique est traduite avec la plus haute fidélité possible.
Synthèse du Workflow de Haute Fidélité
Sony A7R III, iV, V ... + ART + GIMP
On va commencer par un résumé d’un workflow optimisé pour la préservation maximale de la qualité et la précision des calculs du début à la fin. Dans cet exemple l’appareil photo est un Sony A7R III ou un Sony A7R IV ou encore un Sony A7R V ou équivalent chez Canon ou Nikon, pour tous ces types d'appareils photos on est sur une résolution de 14 bits. Les étapes correspondent à la prise de vue, traitement Raw avec le logiciel Art et retouche éventuelle avec Gimp.
Ce résumé met en évidence l'importance de choisir la bonne intention de rendu perceptuel aux deux étapes de conversion cruciales (début et fin du processus) et de maintenir une haute profondeur (16 bits) pour tous les calculs de traitement.
Points Clés de la Procédure
Profondeur réelle (Source), votre capteur fournit 14 bits (ou 12 bits dans des modes spécifiques). C'est la limite absolue de l'information.
Profondeur de Traitement, le pipeline d'ART (16/32 bits) sert à maintenir la qualité pendant les manipulations (corrections, denoising), pas à créer de nouvelles informations. Un traitement en 16 bits ne récupère pas ce qui a été perdu en 12 bits, mais il préserve ce qui a été capturé.
Profondeur finale (Export), le JPEG final est toujours en 8 bits, c'est intrinsèque au format jpeg (ou jpg). L'utilité du workflow en haute profondeur réside dans le fait que les corrections sont appliquées avant cette réduction finale, garantissant des dégradés propres.
En utilisant le TIFF 16 bits, vous assurez la préservation maximale de l'information entre le dématriçage du RAW (fait par ART) et les étapes d'édition finales (dans Photoshop, GIMP, etc.) avant d'arriver au jpg.

Recommandations
Dans le menu de mon appareil photo, j'ai le choix entre sRVB et Adobe RGB, je mets quoi ?
Ce réglage ne concerne que le fichier JPEG produit par l'appareil. Le fichier RAW (votre source 14 bits) n'est PAS affecté par ce réglage. Il contient toutes les couleurs capturées par le capteur (le gamut natif du capteur, qui est plus large que ProPhoto). Votre choix de sRVB ou Adobe RGB dans le menu de l'appareil est sans conséquence pour le développeur RAW (ART).
Le fichier RAW n-est pas impacté, puisque votre workflow utilise ART (un dérawtiseur) pour lire les données brutes de votre capteur, le Fichier RAW contient l'intégralité des informations de couleur capturées par le capteur (gamut natif du capteur, très large). Ce fichier n'est pas limité par le réglage sRVB ou Adobe RGB. Le Réglage (sRVB/Adobe RGB) dans le menu de l'appareil photo ne s'applique qu'au JPEG que l'appareil pourrait produire simultanément.
ART ignore ce réglage d'espace couleur et commence son travail de conversion des couleurs à partir des données brutes du RAW (étape où vous choisissez de convertir en ProPhoto, par exemple).
Conclusion pour votre workflow :
Oui, que vous sélectionniez sRVB ou Adobe RGB dans votre appareil photo ça n'aura aucune conséquence sur la qualité et la cohérence de votre chaîne de production ART → TIFF 16 bits → GIMP. Vous pouvez laisser le réglage sur sRVB ou l'ignorer.
Perceptuel, Relative, Absolue ou Saturation ?

Quand utiliser la virgule flottante ?
Travaillez en 16 bits entiers (Integer) par défaut. Le choix entre entier et virgule flottante dépend de l'usage, mais pour la grande majorité des workflows photographiques, le 16 bits entier est le format le plus approprié pour votre TIFF intermédiaire. Pour un workflow photographique classique où le fichier source est un RAW unique, le 16 bits entier est la norme et le meilleur choix.

Pourquoi le Gamma linéaire ?
Le mode linéaire correspond à la physique de la lumière telle que capturée par votre capteur (les valeurs sont directement proportionnelles à la quantité de photons reçus).
Mise en garde Importante :
L'apparence à l'écran, lorsque vous passez en mode Linéaire, l'image peut sembler plus foncée au premier abord. C'est normal. GIMP applique généralement une correction de vue (un profil de visualisation) pour que l'image s'affiche correctement, mais sachez que vous travaillez sur les données brutes de la lumière.
Conversion, même si vous travaillez en linéaire, l'exportation finale en JPEG (8 bits) ou l'affichage sur la plupart des écrans nécessite que le fichier soit reconverti en Gamma non linéaire (sRVB) pour être correctement visualisé. GIMP gère cette conversion automatiquement si votre gestion des couleurs est correctement configurée.
Mon conseil final, poursuivez en Gamma linéaire (Lumière Linéaire), surtout en 16 bits, pour la meilleure qualité de calcul.
Le Lien avec votre Workflow (16 bits), le principal inconvénient du mode Linéaire est qu'il produit des artefacts (notamment du banding dans les ombres) lorsque vous travaillez en 8 bits. Si vous travaillez en 16 bits TIFF, ce qui vous donne 65 536 niveaux de tonalité. Cette profondeur est largement suffisante pour stocker les calculs en mode linéaire sans risque de banding ou de perte d'information.

Pour ART ça se passe comment ?
ART lit toujours la source la plus élevée (14 bits) et la place dans son pipeline 16/32 bits. Votre choix de travail en 16 bits TIFF / Gamma linéaire reste la méthode la plus professionnelle pour traiter les données 14 bits issues du capteur.
Le seul changement majeur serait de passer au format RAW compressé sans perte (Lossless Compressed), cela réduirait la taille de vos fichiers sans affecter votre pipeline de traitement haute fidélité.
Pourquoi les JPEG sortent quand même jolis malgré 8 bits ?
Parce que les algorithmes utilisés préservent la continuité même après réduction, le 8 bits sont suffisants pour l’œil humain sur la plupart des images, le dithering interne et la compression perceptuelle évitent le banding dans de nombreux cas
Conclusion
✔ Oui : un JPEG final = forcément 8 bits
✔ Mais non : ça ne veut pas dire qu’un workflow haute profondeur est inutile
✔ Le travail en 12/14/16 bits sert à garder la qualité avant d’écraser le tout en 8 bits
✔ C’est standard en photo numérique depuis 20 ans
Le choix de l'espace couleur, comment éviter le chaos chromatique
Nous avons souligné l'importance de la cohérence des bits pour préserver la profondeur de nos données. Il est temps d'appliquer cette même rigueur à la couleur elle-même.
Le choix de l'espace colorimétrique (sRVB, Adobe RGB, ProPhoto RGB) n'est pas anodin, il définit le conteneur qui va accueillir les couleurs de votre image.
L'Aller-Retour inutile : Le danger du "N'importe Quoi"
Notre capteur RAW capture un gamut immense (plus grand que ProPhoto). L'erreur la plus fréquente dans un workflow est le changement d'espace colorimétrique inutile. Si vous convertissez votre image de ProPhoto → Adobe RGB → sRVB → ProPhoto, vous ne faites pas que compliquer le processus. À chaque conversion descendante (vers un espace plus petit comme sRVB), vous écrêtez définitivement les couleurs hors gamut. L'information est perdue, et revenir à ProPhoto après cette perte ne la ressuscitera pas. C'est un aller-retour absurde qui alourdit votre travail tout en créant un risque élevé d'artefacts.
Choisir un Espace : Son Rôle et sa Limite
Pour un workflow cohérent, il faut connaître la fonction de chaque espace :
ProPhoto RGB : Le plus grand espace de travail. Il est idéal pour le développement RAW (en 16 bits !) car il peut contenir la quasi-totalité des couleurs capturées par votre capteur. C'est l'espace de la source maximale.
Adobe RGB : Un espace de travail plus grand que le sRVB, mais souvent mal compris. Il est peu pertinent, car il n'est nativement reconnu par quasiment aucun écran grand public ou professionnel sans gestion des couleurs active. C'est souvent un compromis maladroit.
sRVB : Le plus petit espace. Il est l'espace universel du Web et de la diffusion (moniteurs, téléphones, etc.). C'est l'espace de la Destination standard et publique.
Conclusion : La ligne directe vers l'impression
Notre démarche artistique exige de maintenir l'information intacte le plus longtemps possible.
Le Fait pour l'impression professionnelle, le fichier final devra de toute façon être converti dans un espace de type CMJN ou dans le profil spécifique de l'imprimante (souvent un profil de sortie très spécifique).
La Logique, la conversion critique du grand espace (ProPhoto) vers le petit espace (CMJN ou profil d'impression) doit être faite une seule fois, à la toute fin, en utilisant l'intention de rendu la plus appropriée (Perceptuel, comme nous l'avons vu).
Tout changement d'espace colorimétrique intermédiaire est une faute de méthode. Nous restons donc dans l'espace le plus large (ProPhoto ou l'équivalent dans ART) en 16 bits jusqu'à la dernière étape, garantissant ainsi une chaîne de production factuelle, légère, et sans perte inutile.
En pratique qu'est ce que je dois modifier par défaut sur ART ?
Perceptuel

Connaître le nombre de bits géré par mon boîtier

ART Dossier d'installation de GIMP
Dans le cas où j'ai besoin de retoucher ma photo sur Gimp avec le bouton "Editer l'image dans l'éditeur externe" L'image sera transférée automatiquement dans GIMP au format 16 bits, dans ce cas, je ne casse pas ma chaîne de travail,

ART J'ai finalisé ma photo, J'ajoute mon image à la liste de traitement, elle sera automatiquement transformée en 8 bits .jpeg

Lorsque vous créez un fichier JPEG (qui est intrinsèquement en 8 bits) à partir d'ART, ART a la capacité d'encapsuler (ou d'intégrer) un profil colorimétrique dans ce fichier.
Ce profil est crucial, car il indique au logiciel qui lira le JPEG (navigateur web, autre logiciel de retouche, etc.) comment interpréter les valeurs de couleur du profil colorimétrique encapsulé (Embeded Profile)
Le profil encapsulé est le dernier maillon de votre chaîne de production. Il est généralement défini par l'espace colorimétrique de destination que vous avez choisi dans les réglages d'exportation d'ART.

En pratique qu'est ce que je dois modifier par défaut sur GIMP ?
Gimp Image par défaut

Gimp Image précision

Gimp Vérifier si mon importation depuis ART ce passe bien

Conclusion, ce Workflow est-il parfait ?
Nous avons passé en revue un workflow qui privilégie la cohérence, la simplicité et la rigueur factuelle. Il est temps de répondre à la question essentielle : « Ce workflow est-il parfait ? »
La réponse est bien sûr, non ! Le but ici n'est pas de prétendre à une perfection illusoire, mais de proposer une chaîne de production fiable et vérifiable. Nous avons montré que chaque étape du choix du grand espace colorimétrique au maintien du 16 bits en mode linéaire est une décision technique prise pour une seule raison, éviter la perte de qualité et l'apparition d'artefacts (comme le redouté banding) qui surviennent lors de conversions irréfléchies.
Face au danger du Marketing et la perte de repères, être factuel, c'est justement refuser les raccourcis dictés par la mode ou le marketing. Nous vivons une époque où la perte de repères est monnaie courante, y compris dans notre domaine. Il suffit d'observer les contradictions criantes de l'industrie pour comprendre pourquoi la vigilance est essentielle. L'Absurdité des contradictions, on voit des "influenceurs" encenser la qualité d'image d'un smartphone un jour, pour vanter le lendemain la précision chirurgicale d'un boîtier professionnel coûtant plusieurs milliers d'euros comme un Fujifilm GFX100 ou équivalent. Ces démonstrations ne sont pas de la pédagogie, elles sont de la pure promotion qui dilue toute notion de qualité mesurable.
Le cas éloquent d'Adobe, pendant des années, l'industrie a été éduquée par Adobe, qui vantait les mérites d'un développement RAW précis et exigeant dans Lightroom, exigeant l'utilisation d'écrans haut de gamme calibrés pour prendre les bonnes décisions de couleur et de tonalité. Aujourd'hui, la même entreprise encourage l'utilisateur à développer et éditer ses photos sur l'écran d'un smartphone de quelques pouces. C'est une démarche, disons-le, lamentable. Elle contredit l'idée même de la fidélité colorimétrique que nous venons de défendre.
La Vigilance, seul garant de l'Art, notre démarche n'est pas de s'absorber dans la technique pour la technique, mais de s'en servir comme un garde-fou. Nous développons nos images avec l'esprit d'un artisan qui choisit ses outils et ses matériaux. Ce que ce workflow vous offre, c'est la liberté de l'artiste, la certitude que si votre image n'atteint pas l'excellence, c'est un choix esthétique et non une erreur de processus causée par une conversion maladroite. Soyez vigilants, exigeants, et gardez toujours le contrôle total de votre œuvre.
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